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 | L’ACTU DE HUY WAREMME | PUBLIÉ LE 20/02/2020 À 06:18

Trop de pression à la commune de Braives: «Il faut que ça bouge»

Lors de la manif du 27 janvier au conseil communal. – DR

Le 27 janvier dernier, en séance du conseil communal, une trentaine de membres du personnel communal de Braives est venue rendre compte de son mal-être au travail. Une première. Suite à cette manifestation, une assemblée générale du personnel s’est tenue cette semaine. Un comité de protection et de prévention des travailleurs a été demandé en urgence par la CGSP.

Comme le rappelle le parti d’opposition B.A.s.e dans un post publié ce mardi sur sa page FB, ce malaise au sein de l’administration communale n’est pas neuf. Début 2019, une étude du SPMT, un service externe de prévention de la santé et du bien-être au travail, révélait déjà que plus de la moitié des travailleurs se sentait mal au boulot.

Un an plus tard, la situation ne s’est visiblement pas améliorée puisque, fait exceptionnel, le 27 janvier dernier, en pleine séance du conseil communal, une délégation du personnel a remis une lettre aux élus dans laquelle il dénonce les pressions et le climat tendu au sein de l’administration. Le collège est clairement dans le collimateur.

Ce qui a déclenché ce mouvement ? Le licenciement du responsable des ressources humaines. Son travail était très apprécié par l’ensemble des agents qui ont ressenti son éviction comme abusive.

« Peur du licenciement »

Quinze jours plus tard, où en est-on dans ce dossier hautement sensible ? Aux dires du bourgmestre Pol Guillaume, « le climat au sein de l’administration est identique ». « Je me réjouis de voir arriver ces quelques jours de congés de carnaval qui permettra à chacun de se reposer. Le manque de soleil en hiver n’a pas non plus contribué à améliorer le climat mais il est vrai que nous n’avons pas encore pu commencer le travail, mais il est en cours », assure-t-il.

Ce lundi, une assemblée générale du personnel a effectivement eu lieu. Une septantaine de personnes (soit près de la moitié du personnel communal), était présente. « Une telle mobilisation, j’ai rarement vu ça. », souligne Alain Rorive, secrétaire régional CGSP pour Huy-Waremme qui s’inquiète après avoir entendu les témoignages : « il y a pas mal de pression sur le personnel. Les travailleurs sont en souffrance, ils ont peur du licenciement. Nous devons répondre à leur désarroi au plus vite si on veut faire évoluer les choses positivement. »

Raison pour laquelle, la CGSP a demandé qu’un comité de protection et de prévention des travailleurs soit convoqué en urgence. Selon le bourgmestre, il pourrait se tenir début mars. La CGSP souhaite obtenir un plan global sur plusieurs années « pour tout ce qui touche au bien-être du personnel » ainsi qu’un rapport annuel des visites des lieux de travail, de la médecine du travail et une analyse de la charge psychosociale en présence du service externe de la commune de Braives ». Pour la CGSP, les résultats de cette analyse vont permettre de mieux cerner le climat au sein de l’administration communale, données indispensables à ses yeux pour prévoir les actions et améliorer la situation.

Des actions ne sont pas exclues

« J’ai toujours prôné le dialogue mais il va falloir que ça bouge », prévient Alain Rorive qui n’exclut pas des actions si rien n’évolue. « On pourrait aller jusqu’à un dépôt de préavis de grève mais j’espère qu’on n’en arrivera pas là. », conclut-il.

MERCREDI, FÉVRIER 19, 2020 – 18:18

L’organisation du travail pointée du doigt

Globalement, le personnel communal dénonce la pression au travail. Mais qu’en est-il exactement ? « Ce que les ouvriers reprochent, par exemple, à leur hiérarchie, c’est de devoir faire un travail qualifié, sans formation, alors qu’ils sont tous non qualifiés », évoque le délégué syndical CGSP Serge Dingeon.

Le malaise est différent, dit-il, chez les administratifs. Là, c’est l’organisation du travail qui est pointée du doigt. « Les dossiers arrivent en dernière minute, il faut aller vite pour les monter et pour qu’ils soient prêts dans les temps », poursuit le délégué syndical.

« Il faut que les Braivois sachent qu’aujourd’hui, le personnel communal n’en peut plus ! » a publié B.A. s.e sur sa page FB. Le parti de Marc Foccroule dénonce « l’autoritarisme de certains membres du Collège qui pensent que ce qu’ils décident doit être mis en œuvre immédiatement sans aucune analyse préalable de la charge de travail des agents et des projets en cours. »

Le bourgmestre Pol Guillaume admet qu’il peut y avoir de la pression pour certains dossiers importants et pour lesquels il y a des subsides. « Mais croyez-vous qu’il y a un dossier facile ? La loi sur le respect des marchés publics, le code de démocratie locale, tout ça fait qu’aujourd’hui nous devons mener une Administration avec des outils qui sont tout sauf simples », se défend-il.

Turn-over

Selon B.A.s.e, la détérioration du climat social au sein de la commune serait à l’origine de « nombreuses absences pour maladie, burn out, démissions ou licenciements, tous services communaux ou asbl para-communales confondus ».

Pol Guillaume relativise le turn-over au sein du personnel. « C’est quelque chose qui est devenu régulier dans beaucoup d’entreprises. C’est aussi une évolution dans la manière de travailler, les travailleurs ont d’autres ambitions. »

Le bourgmestre libéral rappelle qu’il y a 6 ans, le Collège a créé un poste de Ressources Humaines. « Je ne suis pas un spécialiste des RH, j’attends d’une cellule comme celle-là de mieux cerner les attentes du personnel ».

M-CL.G.

MERCREDI, FÉVRIER 19, 2020 – 18:17

L’opposition attend des mesures concrètes

Pour l’opposition, « il est temps de ramener de la sérénité à la Maison communale ». « Nous attendons du Collège, des mesures concrètes et rapides en faveur du personnel. Il faut remédier à ce mal-être ressenti au quotidien. À défaut, c’est le fonctionnement de notre Commune qui en sera prochainement paralysé », lâche B.A.s.e.

Pour Ecolo, en manifestant après le licenciement du responsable des Ressources Humaines, le personnel a clairement signalé au Collège que c’était la limite à ne pas dépasser. « Lors du huis clos qui a suivi, le Collège a proposé des mesures, nous serons attentifs à ce qu’elles se concrétisent pour le bien du personnel », indique pour sa part Christian De Cock.

Alain Durant (DéFI) abonde dans le même sens, et rappelle, non sans ironie, le thème de campagne de la majorité E.C. « Braives, une campagne où il fait bon vivre… Visiblement, pas tant que ça pour le personnel communal », glisse-t-il avant d’ajouter que si ce même personnel refusait jusqu’ici de parler, « c’est par peur des représailles ».

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